Comment mesurer les gains de productivité?

C’est à chaque fois le même discours: dès que nous proposons une nouvelle façon de faire, on nous oppose que la productivité va chuter, que tout le monde va se retrouver dehors, et/ou que l’entreprise va faire faillite…

Et si on essayait de ramener un peu d’objectivité au débat?

 

Nous faisons tous différemment

Quand on regarde dans le détail, chacun fait la même tâche de façon différente: l’un a ses pieds à 45°, l’autre à 90°. L’un fléchit dans les hanches, l’autre dans le dos. L’un glisse la charge, l’autre la porte. Et caetera. Les différences sont minimes, mais partout: il n’y a donc pas une seule et unique façon de faire. Et ceux qui font différemment de nous étant toujours là, le risque de se retrouver à la porte mérite d’être relativisé…

 

Quid du temps d’adaptation?

Remettons-nous dans les  chaussures de Roger Federer lorsqu’il avait 8 ans. A cet âge-là, il avait certainement besoin de se rappeler que pour servir, il faut envoyer la balle en haut et un peu à droite, armer et frapper (passons les détails…). Aujourd’hui, a-t-il encore besoin de se souvenir de la séquence?

La productivité perçue est toujours une évaluation à court terme, basée sur les acquis et les connaissances au jour J. Très peu sont ceux qui peuvent se projeter dans le temps afin d’imaginer ce que sera leur efficacité réelle avec la nouvelle technique de travail lorsqu’ils se seront donnés la peine de l’acquérir (s’ils s’en donnent la peine…). 

Pour faire court, le cerveau humain va souvent chercher des raccourcis pour justifier vis-à-vis de lui-même que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Sans aucune base objective pour cela. 

 

Mais surtout… quelle profondeur de champ?

Au risque de nous fâcher avec les contrôleurs de gestion, les ingénieurs (dont je fais partie) et bien d’autres: quelle est la bonne échelle de temps pour évaluer les gains ou les pertes de productivité? 5 min, 1h, 1 jour, 1 semaine, 1 an ou 10 ans?

A 5 min, je peux vous garantir que vous perdrez souvent du temps en faisant bien selon les règles de la Mère Nature.

A 1 jour ou 1 semaine, cela se discute: la fatigue venant moins vite, on produit de façon plus constante et avec moins d’erreurs lorsqu’on fait bien.

A 10 ans, le calcul est clair: si l’on s’épargne 6 à 18 mois d’arrêt à cause d’une opération de l’épaule ou du dos, les gains de productivité sont entre 5 et 15%. N’importe quel chef d’entreprise signerait sans hésiter.

Mais pour objectiver cela, encore faudrait-il que les adeptes d’Excel et autres outils BI sachent développer des tableaux de bord qui donnent aux dirigeants cette vue holistique de la productivité, tant sur les coûts directs que sur les coûts indirects. On en est loin (et je crois sincèrement qu’on n’y arrivera jamais). 

 

Donc…

On en revient à  Daniel Kahneman: le cerveau est mal câblé pour les calculs de long terme. Et c’est précisément cela qui conduit l’Homme à scier la branche sur laquelle il est assis. 

Chez Erg’OH Conseil, nous croyons au long terme. C’est pour cela que nous faisons le pari de la générosité, que nous refusons les petits calculs, et que nous prenons le risque de sélectionner nos clients.