Douleurs de nuque et d’épaule en horlogerie

Presque tous les horlogers connaissent, à un moment ou à un autre de leur carrière, des douleurs de nuque et d’épaule. Souvent, elles conduisent à des arrêts de travail, des interventions chirurgicales complexes ou des invalidités permanentes.

Certains de ces troubles musculosquelettiques sont des douleurs référées depuis les vertèbres cervicales basses (C5, C6, C7).

Mais… pourquoi les horlogers se font-ils mal?

Notamment parce que tout travail de précision impose aux yeux d’être proches des mains, contrairement à ce que la Mère Nature a prévu.

Dans cette vidéo, Olivier illustre le processus de réglage ergonomique de base d’un poste horloger:

régler la chaise,
régler les accoudoirs,
ajuster la hauteur de l’établi (en bleu sur le schéma ci-dessous) pour que les épaules soient relaxées lorsque les avant-bras sont soutenus par les accoudoirs.

A cette étape, la montre peut malheureusement encore se retrouver très loin des yeux: il suffit que la nuque et l’humérus (l’os entre l’épaule et le coude) soient longs. C’est purement morphologique: on n’y peut rien. Dans ce cas, l’horloger a tendance à avancer la tête; à terme, cette posture abîme ses vertèbres cervicales inférieures, mais elle peut aussi se traduire par des maux de tête et des migraines.

L’âge est un facteur aggravant: le corps est plus fragile, les yeux sont moins performants… et les mauvaises postures s’accumulent depuis des dizaines d’années.

Certes, la montre peut être rehaussée grâce à un posage (en rouge sur l’image), mais celui-ci ne peut pas tout résoudre. En effet, s’il est trop épais

les mains doivent monter, ce qui surchargera à nouveau les épaules, et/ou
les poignets ne sont plus soutenus, ce qui impactera la précision des mouvements.

Parfois, on peut aussi bricoler une entretoise pour rabaisser les accoudoirs par rapport à l’établi. Celle-ci ne pourra cependant pas être trop épaisse, pour des raisons de stabilité des accoudoirs et d’encombrement.

Le seul paramètre restant est donc la distance visuelle, définie par le type de dispositif oculaire utilisé (en violet). En fonction du grossissement et du modèle, la montre sera nette à une plus ou moins grande distance: chez Bergeon, une micros N-2.5 propose un fort grossissement moyennant une courte distance, tandis qu’une micros N-4 permet de s’éloigner de la montre, au prix d’un grossissement moins important.

Ceci-dit, on peut aussi travailler avec une lentille (sur la lampe ou sur l’établi), une loupe binoculaire, un microscope, une caméra, un dispositif de vision 3D, etc. Et tous ces équipements ont de multiples options qui leur sont propres. Choisir le dispositif visuel en fonction de la tâche et de la morphologie de l’utilisateur est donc essentiel pour l’ergonomie et la posture.

En d’autres termes, chaque horloger pourra avoir besoin de plusieurs dispositifs oculaires, en fonction de son activité.

Sur le terrain, on observe malheureusement que seul l’équipement fourni à l’embauche (sans réflexion ergonomique individualisée préalable) est utilisé: une habitude à changer de toute urgence.

Nous vous y aidons volontiers!